jeudi, mai 04, 2006

MONDIAL 2006 - Préparation des Eperviers : Togo, le jeu de la mort

Le Togo nourrit de légitimes inquiétudes pour la participation de ses Eperviers au Mondial 2006. La piètre prestation à la Coupe d’Afrique des Nations de football a douché l’euphorie autour de l’équipe qui sera conduite par Otto Pfister en Allemagne. Il s’y ajoute que l’atmosphère délétère entre joueurs, encadrement administratif et le manque de préparation sérieuse, rendent la tâche quasi impossible à la bande à Emmanuel Adebayor. Les supporters de Lomé redoutent le pire, une déconvenue historique en Allemagne.
C’est comme un curieux sentiment de culpabilité qui habite le Togolais. A Lomé, quand on évoque la participation des Eperviers à la prochaine Coupe du monde de football prévue en Allemagne (9 juin-9 juillet), la réponse est invariable : «Je crains qu’on ait éliminé le Sénégal pour rien.» Tant les Togolais ne se nourrissent pas d’illusions quant aux performances de leur Equipe nationale en terre allemande. La piètre participation de l’équipe conduite par le coach nigérian Stephen Keshi à la dernière Coupe d’Afrique des Nations de football en Egypte avec trois défaites pour trois matches de poule, dont sept buts encaissés contre deux marqués, a permis aux supporters des Eperviers de se convaincre des limites de la bande à Emmanuel Adebayor. L’écran de fumée s’est dissipé sur les berges du Nil et le Togo s’est crevé les yeux des insuffisances quasi-rédhibitoires de ses «héros».
Faut-il pleurer déjà Keshi ? Le plus inquiétant pour les supporters est que les responsables du football togolais ne semblent pas avoir appris de leurs erreurs de «débutants» qui ont cruellement gâché la campagne de la Can 2006. En effet, Stephen Keshi n’avait disposé de son groupe de joueurs que cinq jours avant la compétition. Aussi, des querelles entre le vaniteux coach, ancien capitaine des Super Eagles du Nigeria, et certains joueurs dont la controversée star Adebayor (Arsenal, Premier League anglaise), avaient pourri l’atmosphère dans un groupe à l’équilibre précaire. Pis, un problème de primes, ce mal dont l’Afrique du foot cherche encore l’antidote, opposait les joueurs aux dirigeants.
En Allemagne, les mêmes problèmes risquent de se poser à nouveau. Le remplacement de Keshi par le Globe-trotter, l’Allemand Otto Pfister, qui a entraîné l’Equipe nationale de football du Sénégal dans les années 1980, n’est pas très accepté par de nombreux joueurs. Si Adebayor avait fait du départ de Keshi un point d’honneur, d’autres éléments de la sélection nationale trouvent le limogeage du Nigérian comme un acte d’ingratitude, car c’est «grâce à Keshi que le Togo a réussi une double qualification en Coupe d’Afrique et en Coupe du monde».
Les supporters rencontrés à la plage du quartier administratif de Lomé, tapant sur le ballon le week-end, ne pensent pas moins. Adiété Wilson fulmine : «Avant Keshi, on n’a jamais rêvé d’une qualification en Coupe du monde. Et puis, le contrat de Keshi avait expiré depuis le 13 février 2006. La Fédération togolaise de Football (Ftf) a tergiversé jusqu’au 14 mars pour désigner Otto Pfister. Nous avons ainsi raté la date du 1er mars bloquée par la Fifa pour un match amical. Depuis sa nomination, Pfister n’a jamais encore eu à diriger ses joueurs, tenez-vous bien, à moins de 45 jours de la Coupe du monde ! Il devra impérativement publier la liste des joueurs retenus pour la compétition le 15 mai 2006, or il n’aura qu’un seul match amical à disputer avant cette échéance, c’est le 14 mai à Amsterdam (Pays-Bas) contre l’Equipe d’Arabie Saoudite.»
Le programme de préparation concocté par Otto Pfister, caricaturé has been, n’enchante pas aussi les Togolais. Dans l’agenda des Eperviers, il est prévu qu’ils installent leur «nid» en terre Allemande le 15 mai à Wangenim-Allgau, un petit village du Bade-Wurtemberg. Des matches amicaux sont prévus contre l’équipe réserve du Bayern de Munich, le Lichtenstein, l’équipe de Wangen qui joue en cinquième division allemande. Kouami Mensah en enrage encore : «Pour préparer le Mondial, les autres équipes africaines comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Angola, la Tunisie préfèrent rencontrer de grandes formations comme l’Espagne, le Mexique, la Corée du Sud, etc. Nous, on se contente du menu fretin. Comment nos joueurs pourront-ils être bien aguerris pour la compétition ?»
Pourtant, les adversaires du Togo dans le groupe G du Mondial allemand ne manquent pas de répondant. Il s’agit de la Suisse qui a donné du fil à retordre à la France lors des phases qualificatives, de la Corée du Sud demi-finaliste de «son» Mondial en 2002 et de la France, championne du Monde en 1998. Les «jaune et vert», couleurs du maillot des Eperviers, devraient savoir à quoi s’en tenir pour se montrer dignes d’une représentation mondiale, mais les dirigeants du Football Togolais ont plutôt la tête ces jours-ci à s’époumoner dans des guerres larvées pour le contrôle de la Fédération togolaise de Football (Ftf). Les méthodes jugées «autocratiques» du président de la Ftf, le Commandant Rock Gnassingbé, frère aîné du chef de l’Etat, suscitent des querelles au sein des instances de la Ftf. Le projet de règlement intérieur de la Ftf avait déjà provoqué une controverse jusqu’à ce que la Fifa fût appelée pour arbitrer les débats, à l’avantage du camp de Rock Gnassingbé. D’ailleurs, l’Assemblée générale de l’instance prévue pour le samedi 29 avril 2006 s’annonçait houleuse avec des changements prévus dans l’équipe dirigeante. C’est dire que la sérénité ne roule pas sur le gazon miné du football togolais. Comme pour en rajouter, Otto Pfister annonce qu’il va présenter à la Coupe du monde une «équipe complètement remaniée. Rien ne garantit la place à ceux qui avaient joué les qualifications». Les joueurs qui ont eu à manifester ouvertement leur attachement à Keshi le paieront-ils ?
Adebayor, l’échalas-roi. En tout cas, l’entraîneur allemand a semblé opter pour être le plus en phase possible avec Emmanuel Shéyi Adebayor. Le joueur des Gunners d’Arsenal reste la coqueluche des foules de Lomé. Son statut de meilleur buteur de la zone Afrique pour les qualifications Can-Mondial 2006, avec onze buts en dix matches, l’ont placé sur un piédestal. Tout là-haut. Les supporters de Lomé pardonnent toutes les incartades du longiligne buteur. Quand il se permettait des passes d’armes par presses interposées avec Stephen Keshi en Egypte, les supporters et les plus hautes autorités de l’Etat prenaient fait et cause pour la «star». Le personnage est adulé par les foules qui chantent sa générosité sur le terrain. Mais aussi, en dehors. «Shéyi est bien. Il est généreux avec les jeunes de Lomé. Il est en train de construire un grand centre de formation à Lomé II. Et puis il fait beaucoup de choses pour sa famille et ses anciens potes. Il faut dire qu’il écoute beaucoup sa mère qui le conseille bien. Vraiment sa mère est très respectée (Ndlr : la mère de Adebayor est originaire du Nigeria)», raconte Kouami. Cette aura, toute la famille Adebayor semble en bénéficier de la part des jeunes de Lomé. Le grand frère de la vedette, Pitang Adebayor, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son puîné, est entouré d’une grande sympathie. Le dimanche 23 avril dernier, nous l’avons rencontré sur un terrain de football sur la plage de Broncho Beach de Lomé où il disputait une partie avec ses voisins du quartier populaire de Kodjoviakopé. «On peut dire qu’il avait même plus de talent que son jeune frère. Il avait raccroché, mais il a repris les entraînements», raconte admiratif notre guide. Mais cette divination quasi-béate de Adebayor, voire de tout son entourage, et la seule force de l’indéniable talent du Gunner suffiront-elles aux Eperviers, orphelins d’autres grandes individualités et minés en interne, pour offrir un beau reflet du Togo dans le monde ?
L’«assistance technique» sénégalaise. Massata Diack, le patron de l’agence de Marketing Pamodzi, aura fort à faire pour bien vendre l’image de l’Equipe nationale du Togo. Le cœur des supporters ne s’enflamme plus trop pour les Eperviers. Au marché central de Lomé, les maillots et autres accessoires aux couleurs du «onze national» ne font plus recette. Komlan Mally, commerçant, regrette la fièvre acheteuse d’il y a un peu plus de six mois, quand le Togo imposait sa loi dans son groupe de qualification à la Can et au Mondial devant des «grands» comme le Sénégal, le Mali voire la Zambie. «On vendait des centaines de maillots par jour, sans compter les pin’s et autres bracelets ou les photos des joueurs. Maintenant, c’est à peine si les Togolais daignent jeter un coup d’œil sur mon étal. Seuls les étrangers de passage à Lomé achètent les maillots», regrette-t-il.
Il reste que certaines grandes entreprises, comme la firme asiatique Hyundaï, partenaire officiel de l’Equipe du Togo, se distinguent par leur soutien aux Eperviers. Mme Evelyne Tall, directrice régionale de Ecobank, a elle aussi signé un accord de partenariat avec la Ftf pour soutenir la bande à Adebayor. Ainsi, a-t-elle versé dans la caisse la semaine dernière un chèque de 35 millions de francs Cfa. Ecobank compte conclure un accord similaire avec les Equipes nationales du Ghana et de la Côte d’Ivoire, qualifiées elles aussi pour le Mondial sur les bords du Rhin.
Toutefois, l’Equipe du Togo aura à souffrir d’un manque de soutien populaire en terre allemande. Si de nombreux jeunes gens avaient souhaité profiter des caravanes de supporters, organisées dans le cadre de la Coupe du monde, pour réaliser leur rêve d’émigration en Europe, les conditions fixées par les autorités du consulat d’Allemagne à Lomé ne laissent pas de marge de manœuvre. La Fifa a alloué 11 000 tickets d’entrée aux supporters résidant au Togo pour les trois premiers matches des Eperviers. Face à la presse la semaine dernière, l’Ambassadeur Klaus Grohmann et ses collaborateurs ont tenu à souligner clairement qu’«aucune procédure spéciale de demande de visa n’a été retenue pour les spectateurs ou pour les touristes. Toutes les demandes sont donc soumises aux mêmes critères et traitées individuellement». Le souci des autorités allemandes, a insisté le consul, est d’éviter que les bénéficiaires des visas ne saisissent cette occasion pour s’établir en Allemagne. «C’est pourquoi, toutes les pièces justifiant de la volonté de retour du demandeur dans son pays de départ sont particulièrement exigées.» Au Togo, tous les rêves sont devenus flous…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tout porte a croire que nos éperviers vont faire de la promenade en allemagne..c'est triste...je ne peux decrire le sentiment qui m'anime juste apres la lecture de ce documnet ou reportage. On n'a l'impression de beigner sur une pelouse noire. Seul un vrai amoureux du cur ronde et un vrai patriote (togolais) peut se dire "ils vont faire une bonne prestation en allemagne " pour se doper le moral...
c'est bien dommage qu'il y ait de ces articles pour noigner lee quelques grains d'espoir des fanatique du foot togolais..
Pauvre togo -terre de nos aieux-. Le football qui est resté la seule source a laquelle s'abreuvent ses enfants ...Qu'adviendra t'il de toi. Peuple africain peuple toglais reveille toi ne te laisse detruire par ton manque de courage Togolais dit toi que tu peux soutenir ton equipe jusqu'a la derniere minute tout est possible.croyais tu a une qualification au mondial il y avait quelques mois? Dis toi que mon oui aux eperviers au plus profond de moi est un grand souffle donné a un epervier. SOYONS POSITIF DANS NOS TETES QUELQUE SOIS LA SITUATION.ce n'est pas pour autant les supporters de l'equipe de france au deserté ou abandonne les bleus pourtant champion du monde apres la debacle en 2002.
Sios fier d'etre togolais. on est au mondial 2006.on pourra revenir au mondial 2010 en afrique du sud.
..Allez les epreviers du togo..
attention ont vient........